Rapport de l’ONU : Le déclin des populations d’insectes menace les oiseaux migrateurs
BONN/BOULDER/INCHEON, 8 octobre 2024 – À l’occasion de la seconde célébration annuelle de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs 2024, le 12 octobre, la campagne internationale, organisée par un réseau de partenaires mondiaux, appelle à agir de toute urgence et sans relâche pour protéger à la fois les oiseaux migrateurs et les insectes dont ils dépendent pour leur survie. Le thème de cette année, « Protégeons les insectes, protégeons les oiseaux », souligne le rôle essentiel que jouent les insectes dans le cycle de vie de nombreux oiseaux migrateurs et attire l’attention sur le déclin mondial alarmant des populations d’insectes.
La Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) - un traité des Nations Unies sur la biodiversité et l’un des principaux partenaires de la campagne de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs - a préparé la première étude de ce type sur le déclin des insectes et son importance pour les espèces migratrices, qu’elle a présentée lors de la quatorzième session de la Conférence des Parties (COP14) de la CMS à Samarkand, en Ouzbékistan. Selon le rapport Déclin des insectes et les menaces qu’il représente pour les populations animales migratrices insectivores le déclin des insectes contribue à la perte de populations de nombreuses espèces migratrices insectivores (qui se nourrissent d’insectes), en particulier celles qui en dépendent, car ils constituent leur principale source d’alimentation. Leur déclin pourrait également avoir des effets indirects en modifiant les fonctions des écosystèmes et les habitats qui s’y trouvent - par exemple en induisant des changements de la végétation, qui pourrait à son tour moins bien abriter les espèces qui se reproduisent sur le sol, ou fournir moins de fruits pollinisés par les insectes aux oiseaux frugivores (qui se nourrissent de fruits).
« Bien que l’ampleur varie selon les écosystèmes et les régions, des preuves scientifiques ont montré que nous sommes bel et bien confrontés à un déclin des insectes à l’échelle mondiale. Ce phénomène peut être mesuré, par exemple, en fonction des pertes en biomasse totale des insectes ou en richesse 2 des espèces au fil du temps », a déclaré le Dr David Ott de l’Institut allemand Leibniz pour l’analyse des changements de la biodiversité (LIB), qui est l’un des auteurs du rapport. « Pour faire face aux effets du déclin des insectes, nous devons comprendre que les espèces font partie de communautés complexes et interconnectées, et que la biodiversité est essentielle au bon fonctionnement des écosystèmes et à la fourniture de services aux humains. Les causes du déclin des insectes ne sont pas non plus distinctes, mais résultent d’un mélange de plusieurs facteurs interdépendants », a-t-il poursuivi.
Les principales conclusions du rapport de la CMS sont les suivantes :
Le déclin de la biomasse, de l’abondance et de la diversité des insectes constitue une menace majeure pour les espèces insectivores migratrices, réduisant la disponibilité de nourriture pendant la migration et d’autres stades de leur cycle de vie, et mettant en danger de nombreuses espèces surveillées par la CMS.
Le changement d’utilisation des terres, le changement climatique et la pollution sont les principaux responsables du déclin des insectes à travers le monde, et ces facteurs, souvent inextricablement liés, peuvent agir simultanément.
Les insectes et les espèces migratrices qui s’en nourrissent sont importants pour le fonctionnement des écosystèmes et fournissent des services écosystémiques essentiels, tels que la pollinisation.
Il subsiste encore des lacunes au niveau de la compréhension des impacts du déclin des insectes sur les espèces migratrices insectivores, et davantage d’informations sont nécessaires sur l’état et les tendances des populations d’un certain nombre d’espèces, à la fois chez les oiseaux, mais aussi, notamment, chez les chauves-souris.
Une étude de 2020, publiée dans le magazine Science, indique que nous perdons environ 9 % de la population mondiale d’insectes terrestres chaque décennie. Les oiseaux migrateurs insectivores tels que les hirondelles, les rapaces et les oiseaux d’eau dépendent des insectes et de leurs larves, qui sont pour eux des sources de nourriture essentielles pendant leurs migrations souvent longues et leurs périodes de reproduction, et lorsqu’ils nourrissent leurs petits. De nombreux oiseaux font également coïncider leurs migrations avec les pics d’abondance des insectes. Si les populations d’insectes (estimées à deux tiers de toutes les espèces terrestres) diminuent, ces oiseaux sont confrontés à une réduction de la disponibilité de nourriture, ce qui a un impact sur leur capacité à survivre et à se reproduire. Au-delà du rôle des insectes en tant que source de nourriture et de leur contribution au maintien d’écosystèmes sains, le tout premier rapport sur l’État des espèces migratrices dans le monde, publié au début de cette année, a également souligné leur valeur intrinsèque, mettant en évidence le besoin urgent de mettre fin à leur déclin.
Pour remédier à la diminution des populations d’insectes, le rapport de la CMS sur le déclin des insectes recommande:
De mettre en place des mesures de conservation pour assurer la disponibilité de nourriture pour les espèces migratrices.
D’intensifier et de soutenir les efforts de surveillance des insectes et l’échange de 3 données.
De participer à des efforts multipartites pour améliorer la diversité et la connectivité des habitats.
D’élaborer des lignes directrices pour les actions les plus urgentes ou prioritaires identifiées pour lutter contre les effets en cascade du déclin des insectes
posté par Bertrand Posse
dimanche, 1. septembre 2024
Communiqué de presse: La biodiversité n’est pas un divertissement
Des espèces voient leur nombre augmenter, d’autres diminuer. Comme le montrent les études scientifiques, notre biodiversité est en réalité très malade. Des succès isolés démontrent la possibilité de soigner nos milieux naturels et de regénérer ceux qui ont disparu. Actuellement, la banalisation galopante des biotopes, due aux activités humaines, est à terme une menace vitale pour notre société humaine. Paradoxalement, une biodiversité de qualité nous fournit des prestations essentielles et à très haute valeur économique pour notre vie quotidienne (services écosystémiques).
Favoriser la biodiversité ne signifie pas renoncer, mais faire autrement sur le principe de la multifonctionnalité, ce qui signifie que chaque surface du territoire doit remplir de multiples fonctions, par exemple: la production d’aliments, la préservation des espèces et les activités de loisirs. L’agroforesterie (production de bois et d’aliments) ou l’agri-photovoltaïque (production d’aliments et d’énergie) en plein développement deviennent alors simplement l’agrobioforesterie ou l’agri-biophotovoltaïque. Ces deux exemples démontrent l’étendue des possibilités d’innovation pour autant que la législation encourage la recherche de nouveaux modes d’utilisation du territoire.
Loin d’être une lubie, la biodiversité, comme élément primordial de notre développement durable, est bien l’affaire de tous/toutes et partout, depuis son balcon jusqu’à la plaine agricole en passant par les villes et leurs bâtiments. La votation à venir offre le cadre nécessaire pour développer une multifonctionnalité d’avenir, dont les générations suivantes seront bénéficiaires.
posté par Bertrand Posse
jeudi, 22. août 2024
Première saison de nidification prometteuse pour les Mouettes genevoises
Après l'annonce ce printemps (14 mai) des premières nidifications de Mouettes rieuses dans le canton de Genève, les résultats sont prometteurs: 15 couples ont finalement produit 11 jeunes à l'envol à Verbois, ainsi qu'un couple aussi sur le radeau de la Pointe à la Bise avec l'émancipation de 2 jeunes (en compagnie de Sternes pierregarins, de retour ici après dix ans d'absence).
posté par Bertrand Posse
vendredi, 24. mai 2024
D’un chablis à la forêt : 50 ans de suivi de l’avifaune
Jean-Luc Zollinger est un homme de fidélités, comme en témoignent ses diverses publications dans notre revue ou ses consœurs. S’il nous a dévoilé plusieurs facettes de son étude sur la Pie-grièche écorcheur, il nous a aussi fait bénéficier, à trois reprises dans nos colonnes, de son suivi de l’avifaune forestière après le passage d’une tempête de bise, en 1972, qui a couché 13 ha de vieille pessière. La succession secondaire forestière y a été suivie durant 50 ans (1974-2023), du stade de la replantation à celui de la jeune futaie; un peuplement mixte composé à 77% de conifères (quatre espèces) et 23% de feuillus (deux espèces) a été mis en place. L’évolution du peuplement d’oiseaux a été décrite, dans une parcelle de 9,2 ha, au cours de 31 saisons de reproduction. Ainsi, cette étude, qui documente l’évolution de la richesse, de l’abondance et de la diversité de la communauté avienne au cours de la succession, apporte l’un des rares exemples de suivi à si long terme au sein d’un peuplement forestier en pleine évolution. La version électronique de ce document de 58 pages est disponible sur ce site Internet, sous Protection et suivi, ou via le lien ci-dessous.
Nouvelle espèce nicheuse pour Genève sur les radeaux à sternes de Nos Oiseaux
Une nouvelle espèce nicheuse pour le canton de Genève s'établit sur les radeaux à sternes installés par Nos Oiseaux (en 1979, 1993 et 2003) au lac de retenue de Verbois: la Mouette rieuse. Les premiers signes prometteurs datent du 2 mai (4 couples formés dont 1 défendant un territoire sur un radeau), suivis le 10 par le début d'installation effective d'une petite colonie (au moins 10 couples formés, dont 7 avec parades et construction de nids).
posté par Bertrand Posse
mardi, 14. mai 2024
Un symposium pour les 10 ans de l’association « Le Rougegorge »
Le 6 septembre 2024, l’association « Le Rougegorge » organisera à l’occasion de ses 10 ans d’existence un symposium sur le thème de la diversité du vivant. Il se déroulera sur une journée entière. Une douzaine de spécialistes (biologistes, climatologues, politologues) présenteront les multiples facettes de la biodiversité. Les conférences s’adressent à toutes les personnes intéressées par la thématique. La participation pour les étudiants est gratuite.
Notre nouveau supplément, Les Oiseaux de la Grande Cariçaie, vient de paraître
Publication conjointe de l’Association de la Grande Cariçaie et de Nos Oiseaux, cet ouvrage de près de 250 pages se focalise sur les vingt premières années d’évolution de l’avifaune de la Grande Cariçaie depuis la création des réserves naturelles au début des années 2000. Après une introduction présentant l'historique de la protection et de la gestion de la rive sud du lac de Neuchâtel ainsi que le développement des différents suivis des oiseaux depuis les années 1980, l’ouvrage s'attarde sur les habitats, les comportements et les tendances évolutives de près d’une centaine d’espèces d’oiseaux, dont les plus emblématiques de la Grande Cariçaie comme la Panure à moustaches. Écrit en grande partie par Michel Antoniazza (1952-2021), l’un des pionniers de la protection de la Grande Cariçaie et initiateur des recensements actuels des oiseaux sur la rive sud du lac de Neuchâtel, ce document lui est également dédié, en hommage à tout ce qu’il a apporté à la préservation de la nature dans cette région. Quelques exemplaires sont encore disponibles (CHF 20.– + frais d’envoi). Commande par courriel à: info@grande-caricaie.ch. Les membres de Nos Oiseaux peuvent commander un exemplaire gratuitement.
Des Balbuzards femelles plus efficaces que les mâles
Après les premières arrivées de mars, trois de "nos" mâles cantonnés en Suisse sont toujours célibataires, alors que deux femelles établies en France (Moselle) et en Allemagne (Bade-Wurtemberg) se montrent une fois encore plus efficaces.
Les premiers retours de nos Balbuzards ont eu lieu en mars ce printemps : deux femelles en Moselle et au Bade-Wurtemberg, et deux mâles dans la région des Trois-Lacs. Pour en savoir plus, avec aussi le rapport de la saison 2023 et l'ouverture des inscriptions pour les prochaines "Matinées Balbuzard" des 2 et 23 juin 2024, voir le lien ci-dessous.
Le retour du Balbuzard : tournée de projections publiques en Suisse romande
Le retour du Balbuzard, réalisé par Stephan Rytz et nominé au Festival du Film Vert 2024, est programmé pour quatorze projections publiques à travers la Suisse romande entre début mars et mi-avril.